La procession de la Sanch est désormais inscrite - depuis 2023 - à l’Inventaire du Patrimoine Culturel et Immatériel (PCI) de la France. Une reconnaissance qui pourrait être un premier pas vers l'Unesco.

En février 2023, au terme d'un long processus, le ministère de la culture français a inscrit "la procession de la Sanch, processions des pénitents du Vendredi saint en Roussillon (Pyrénées-Orientales)" à l’Inventaire du Patrimoine Culturel et Immatériel (PCI) de la France.

Le patrimoine immatériel culturel de la France est une riche mosaïque de traditions, de savoir-faire et de pratiques culturelles transmises de génération en génération. Il englobe une diversité de domaines, notamment la musique, la danse, les coutumes, les festivals, la gastronomie, les rites religieux, les métiers artisanaux, les jeux, les contes et légendes, les expressions orales, les savoirs liés à la nature, et bien plus encore.

La France, avec sa longue histoire et sa diversité régionale, abrite des pratiques uniques qui reflètent l'identité culturelle de chaque communauté. Des festivals locaux aux célébrations nationales, en passant par les métiers traditionnels, chaque élément du patrimoine immatériel contribue à forger le caractère culturel du pays. La France s'efforce également de préserver et de promouvoir son patrimoine immatériel, en travaillant en collaboration avec des organismes culturels, des communautés locales et des experts pour assurer la transmission de ces pratiques aux générations futures.

Ce répertoire recense 501 pratiques relevant des expressions et traditions orales, des pratiques sociales, rituels, événements festifs ou savoirs relevant des arts du spectacle, de l'artisanat ou des connaissances en lien avec la nature et l’univers. Le dossier de la procession de la Sanch a été porté par l’Archiconfrérie de la Sanch, avec la participation de la Ville de Perpignan, de la DRAC Occitanie, de l’ethnologue Bénédicte Rigou-Chemin. Mais aussi avec le soutien des confréries de Collioure ou encore Arles-sur-Tech.

Benedicte RIGOU-CHEMIN, Anthropologue PhD et Biographe, qui est intervenue sur la constitution du dossier de reconnaissance.

Comment s'est déroulé ce classement ?

Non sans avoir rencontré des difficultés dans sa finalisation, la mission que j'ai menée au sein de mon cabinet d'étude (Scribetassociés), auprès de la ConfrériedelaSanch à Perpignan, soutenue par la villedePerpignan, la DRAC Occitanie et la directiondupatrimoine DIRI, au ministèredelaculture, est enfin récompensée par son inscription officielle au registre du Patrimoine culturel Immatériel de la France.

Cette annonce est importante !

L'annonce est symbolique, à quelques jours de la nouvelle procession qui parcourra le 7 avril (NDLR: en 2023), (jour du vendredi Saint pour les Catholiques), mais également le 6 au soir dans les villages de Bouleternère, Baixas, Arles sur Têt, et en nocturne aux flambeaux à Collioure, les centres anciens des villes citées.

Pourquoi cette reconnaissance, d'après vous ?

Les processions de la Sanch en Roussillon, remises à l'honneur en 1950 selon un accord tripartite entre la confrérie éponyme, la ville et le diocèse de Perpignan, mais dont l'origine remonte au XIVème siècle, sont des manifestations spectaculaires des représentations de la mort du Christ portées par une confrérie qui en entretient les gestes. Collectives, théâtrales par bien des aspects, intrigantes, elles traduisent des formes d'expression qu'il n'est possible de comprendre qu'après les avoir vues. Elles forment dans cette région de fortes traditions entretenues, un tout social à la fois spirituel et culturel.

Que voudriez-vous que l'on retienne le plus ?

Comme l'exprime la fiche d'inventaire [... Elles s’affirment comme un legs de l’Histoire, une tradition, fruit d’influences religieuses catalanes et hispaniques, d’une part. D’autre part, elles se présentent comme un conservatoire du patrimoine au regard de la qualité des lourds ensembles statuaires que les pénitents portent sur leurs épaules, les misteris, pour certains exposés désormais à l’ancien évêché de Perpignan durant le reste de l’année] ...[ les processions restent pour les perpignanais et les roussillonnais des événements majeurs qui, par leur caractère rituel et leurs contrastes, expriment ostensiblement l’âme de leur territoire ]